La notion de terrain, pour une utilisation corporelle plus adaptée
Ce dessin a une histoire. Je l’ai décalqué de la copie d’une photo qu’une de mes collègues chaîniste GDS® montré régulièrement à ses patients. Elle la tient d’une page publicitaire concernant la mode enfantine d’une grande enseigne, il y a quelques années…
Le photographe a probablement immortalisé la spontanéité des jeunes stars en leur demandant simplement de soulever la manne…
Aujourd’hui, j’ai envie de vous partager la notion de « terrain » propre à chacun d’entre nous. Il y a la notion d’inné, ce que nous recevons comme un petit sac à dos à la naissance et l’acquis, ce que nous remplissons ou dépensons selon notre vécu, nos expériences, nos activités…
Fort à penser que la fillette de droite a reçu un bon bagage concernant ses appuis et l’utilisation de son corps par rapport à la verticalité.
TOUT est dans le geste : une prise d’appui solide sur les talons et une flexion des membres inférieurs permettant l’action motrice des genoux, l’angle du tronc par rapport aux cuisses laissant la colonne dans un axe longitudinal jusqu’à la tête, une prise de mains qui ne fait que fixer sans devoir tirer avec effort.
Et HOP ! , tel un haltérophile, notre amie pourrait lever bien plus que nécessaire.
Tandis que la petite fille de gauche, si elle devait vraiment soulever la charge, elle mettrait immanquablement sa colonne à mal.
Ses appuis podaux sont décalés, l’attitude courbée de son dos laisse deviner qu’elle n’utilise pas la charnière de ses hanches et qu’elle va créer des tensions dans les articulations et ligaments du bassin et de la colonne lombaire. Elle perd l’efficacité du puissant moteur de levage au niveau de ses cuisses, le quadriceps, va tirer avec ses bras et hisser la charge avec ses épaules et sa nuque.
Si nous gardons notre attention sur la fillette de gauche, nous pourrions lui proposer de « corriger » son terrain qui « tire vers le haut » en lui offrant des activités qui construisent les appuis depuis le sol, qui apportent de la rythmicité dans les mouvements, qui éveillent la verticalité.
Elle n’a probablement pas trouvé dans son corps l’emplacement du geste juste nécessaire à l’exécution du mouvement demandé ; ou peut-être ne l’a-t-elle pas ou peu expérimenté et vécu au cours de son enfance. Son terrain prédisposant ne fait pas d’elle une haltérophile en herbe, sûre de son ancrage.
Le corps a ses mémoires. Ainsi, par le jeu et/ou le rejeu, un travail en chaînes musculaires GDS® peut inviter le petit, l’enfant, l’adolescent, l’adulte à activer ou réactiver une utilisation corporelle plus adaptée pour tendre à l’attitude de notre amie de droite ; ou à mieux comprendre ses propres possibilités de mouvements.
Haptissement bien,
Colette NAVEAU, kinésithérapeute – chaînes GDS® – accompagnement de l’enfant selon GDS®