Un chiffre : 15% des grossesses se soldent par une fausse-couche précoce.
Mais derrière ce chiffre des femmes, des hommes, des couples qui vivent un événement traumatisant, douloureux et pas toujours bien reconnu.
Nous vivons dans une culture qui a tendance à mettre sous secret une grossesse jusqu’à la douzième semaine aménorrhée, date en lien avec la première échographie qui annonce une baisse du risque de fausse-couche, l’annonce peut alors se faire de l’heureux événement. La fausse-couche précoce vient anéantir ce beau projet, que faire alors : annoncer tout de même cette perte ou la garder pour soi ?
La solitude dans laquelle est plongée ces couples qui vivent l’arrêt brutal d’un projet bébé, est une des causes de souffrance.. « On ne va pas en parler autour de nous, on ne va pas faire souffrir nos familles et embêter nos amis, nous savions que ça pouvait arriver.. ».
On entend dans cette phrase qui m’a été relatée plusieurs fois dans le cadre de mes consultations, la banalisation encore présente d’une fausse-couche et l’inadéquation parfois surprenante des propos de l’entourage : « passe à autre chose, ce n’est pas encore un enfant à ce stade çi, ça arrive… ».
D’un point de vue subjectif et non scientifique certes, pour la mère, dés la decouverte de sa grossesse, elle considère qu’elle porte un enfant, et non un fœtus ; et nous parlons bien de perte d’enfant dans le cadre d’une fausse-couche, ce qui implique un ensemble d’émotions et de ressentis qui doit pouvoir être reconnu dans sa complexité, un deuil doit alors se faire. Ce deuil va être proportionnel à l’investissement émotionnel de la grossesse ; un bébé attendu depuis longtemps va amener un deuil plus long et plus douloureux, qu’un bébé qui n’était pas désiré.
La différence de rythme et de vécu chez elle et chez lui, peut amener également à des souffrances, des incompréhensions et des tensions au sein du couple. La perte se vit dans le corps de la femme, et bien souvent, c’est plus compliqué pour elle de surmonter ce deuil, ça lui prendra généralement plus de temps, même si la souffrance est bien présente chez les deux au moment de la découverte de la fausse-couche.
Attention alors à ne pas minimiser une perte sous prétexte qu’elle est précoce, libérons la parole autour de ces grossesses qui n’ont pu aboutir, soutenons avec bienveillance ces couples, ces mères et ces pères dans ce vécu. Une idée fausse que mon métier de psychologue périnatale m’amène à combattre est celle-ci: « plus la perte est précoce, plus le deuil est facile », étant donné que ce sont les souvenirs qui aident à surmonter un deuil, la précocité de la perte la rend d’autant plus douloureuse que les souvenirs sont minimes…
Haptissement bien, Diane Godin, psychologue périnatale pour le centre Haptis.